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Les Promenades d'Erin

Les films de mars

7 Avril 2019, 09:00am

Publié par Erin

Le mois passé s'étant révélé riche en séances cinématographiques, je me suis dit que cela méritait un petit bilan. Voici donc tous les films que j'ai vu pendant ce mois de mars.

La Favorite, du réalisateur et dramaturge Grec Yorgos Lanthimos

L'action se déroule au Royaume-Uni au XVIIIème siècle, alors que l'Angleterre et la France sont en guerre. A la cour, l'humeur est cependant légère. La Reine Anne (Olivia Coleman), au caractère franchement instable et de santé fragile, délègue le pouvoir à son amie Sara, (Rachel Weisz) qui dirige le Royaume à sa place. A l'arrivée d'Abigail (Emma Stone), Sara la prend sous son aile. Elles sont cousines, et si Abigail occupe alors un rang de servante, elle voit en Sara un moyen de renouer avec ses origines aristocratiques. Elle se rapproche peu à peu de la Reine, au point de devenir sa nouvelle favorite, ce qui ne va pas manquer de perturber Sara...

Les trois actrices sont très justes chacune dans leurs partitions et leurs registres. Mention spéciale à Olivia Coleman (aperçue dans la chouette série Broadchurch, pour ceux qui connaissent), parfaite en Reine désintéressée par son rôle de monarque, enfant capricieuse et gâtée.  Les personnages sont bien définis et très bien décrits, dans toute leur complexité. Beau parti pris esthétique également, lorsqu'on à l'impression de vivre à la cour comme dans un aquarium (quelques plans filmés en fisheye, bien placés) où l'on distingue bien les petits des gros poissons...

Rachel Weisz

 

Olivia Coleman
Emma Stone

 

 

 

 

 

 

 

Tout ce qu'il me reste de la révolution, de Judith Davis

Jeune urbaniste venant de se faire virer par des patrons de gauche, Angèle cherche avec des amis (de groupes de parole en happening devant Pôle Emploi) à changer le monde. Partagée entre son père qui ne vit que dans le souvenir de sa jeunesse soixante-huitarde et sa mère qui a abandonné tout combat politique pour vivre isolée en Ardèche, Angèle tente de continuer à maintenir vivante la flamme de son héritage politique. Et c'est pas facile...

Cette comédie légère pose de justes questions sur l'engagement politique. Jusqu'à quel point ? A quel prix ? Pour quelles causes ? Et doit-on à tout prix maintenir une flamme quand on sait qu'il lui sera difficile de s'épanouir ? Judith Davis (réalisatrice et interprète du rôle d'Angèle) filme avec énergie les gens qui l'entourent, la société et la réflexion sans cesse en mouvement générée par les personnages. Si le ton est entier et radical, l'humour toujours présent permet une grande distance face à la colère, sans jamais faire perdre la justesse du propos. La palme revient cependant au malaise qui survient lors du dîner familial, où les idées libérales s'expriment sans complexes, transformant cette rencontre en pétage de plombs. Ce film prouve cependant qu'il ne faut jamais cesser de s'agiter, de réfléchir pour faire valoir les idées auxquelles on croit et qu'il est nécessaire d'avoir des utopies (qui peut-être un jour n'en seront plus,) pour avancer.  Je recommande également Un grand soir, court-métrage aussi réalisé par Judith Davis en 2016. Petit, mais efficace.

De gauche à droite: Claire Dumas, Patrick Belland et Judith Davis

 

Grâce à Dieu, de François Ozon

Alexandre, François et Emmanuel sont tous les trois des victimes du Père Bernard Preynat, homme d’église et pédophile notoire, qui a abusé d'eux à plusieurs reprise alors qu'ils étaient enfants en camps scouts dépendants du diocèse de Lyon. Devenu adultes, chacun sans se connaître, a plus ou moins construit et géré sa vie malgré ce traumatisme. Ils vont se rencontrer et créer ensemble l'association La parole libérée, (lien du site ici) qui vient en aide aux victimes du père Preynat.

Ce qui frappe dans ce film, c'est la délicatesse avec laquelle le sujet lourd et grave est traité. On échappe au pathos, parce que ce qui prime sur le scandale c'est l'énergie vitale et la résilience dont font preuve les victimes. Ces personnages sont traités avec beaucoup de compassion, mais sans condescendance, ni pitié. Et les éléments traumatisants sont présents mais suggérés: vous me direz sans doute (et avec raison) que c'est pire que lorsque l'horreur est montrée dans ses détails les plus crus. Ici, la suggestion ne nous épargne pas, mais nous ne sommes pas contraints aux détails de la violence que nous pouvons amplement imaginer. Par ailleurs, le casting est très beau et en parfaite osmose avec les personnages interprétés.

Et puis les faits sont là, les noms des protagonistes du diocèse de Lyon (Preynat, Barbarin,) n'ont pas été changés. De fait la distance permise par la suggestion n'existe plus quand les noms sont réels et que l'actualité nous rattrape. Le Cardinal Barbarin venant d'être condamné à six mois de prison avec sursis, il est bon de voir ce film à la lumière de ce verdict. Car même si elle est petite, c'est une victoire quand-même, face à l'opacité et au silence de l'institution catholique. Parce qu'il est important de se rappeler que cela existe aussi, qu'il ne faut pas hésiter à parler et à dénoncer les déviances dont nous serions témoins.

Melvil Poupaud, dans le rôle d'Alexandre
Denis Ménochet, dans le rôle de François

 

 

 

 

 

 

 

Emmanuel et sa mère, interprétés par Swann Arlaud et Josiane Balasko

 

 

La chute de l'empire Américain, de Denys Arcand (2018)

 

Après Le déclin de l'empire Américain et Les invasions barbares, le réalisateur s'attaque à la vie quotidienne d'un Québécois, bouleversée par un braquage. Pierre-Paul assiste en effet au hold-up d'une blanchisserie servant de couverture au crime organisé. Lorsque deux voleurs meurent et que le troisième s'enfuit, Pierre-Paul prend le butin resté sur place, sans réfléchir. Ne sachant pas comment gérer cette astronomique somme d'argent volé, il fait appel au spécialiste du blanchiment d'argent Sylvain Bigras...

Chouette comédie bien rythmée aux personnages complexes, qui décrit bien le basculement s'opérant lorsque la classe moyenne se retrouve confrontée à la tentation de l'argent. Mais ce film n'est pas qu'une histoire de tentation. Une fois celle-ci passée, le film est plutôt une description réaliste de la société Québécoise à l'heure de Trump, où comme partout, les riches cherchent à devenir encore plus riches et les pauvres le sont de plus en plus. Pierre-Paul est un bon citoyen et se servira de cette image pour utiliser son pactole comme il l'entend. Pour lui c'est certain, mais pour les autres aussi, parce qu'il n'y a pas de raison que ceux qui en profitent soient toujours les-mêmes !

Sylvain Bigras (Rémi Girard)

 

Pierre-Paul (Alexandre Landry)

 

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P
Ma memoire etant défaillante, suis contente de trouver les résumés des films que j'ai vu<br /> C'est bien rédigé ,je me permets ! <br /> J'attends des nouvelles de rebelles <br /> Continue !<br /> Ta reum
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E
Merci !!!<br /> Je ferai sans doute un bilan des séances du mois d'avril si y a de quoi se mettre sous la dent. <br /> "Rebelles" en fera probablement partie !