Le Grand Bal (Laetitia Carton, 2018)

13 Février 2022, 10:19am

Publié par Erin

Ceci est un article imprévu. Mais ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas ressenti un tel concentré de bonnes ondes, que je me suis dit que j'allais partager ces émotions avec vous.

Cela se passe en été, dans la campagne française. Chaque année, pendant sept jours et huit nuits, des gens venus de France ou de Navarre se retrouvent, pour apprendre et partager le plaisir de la danse populaire. Celle qui faisait virevolter nos parents, nos grands parents et leurs parents avant eux.

Sur l'écran défilent les corps, les voix et les visages des danseurs et des danseuses, aguerris ou non, qui partagent leur expérience le temps de courtes entrevues. Un tel vient tous les ans, une telle est ravie d'avoir "oser inviter", tel autre se sent rejeté parce qu'il est débutant, celle-ci est mal à l'aise parce que son partenaire ne s'est pas bien comporté durant la dernière danse... Le Grand Bal est une bulle de joie, mais pas seulement. C'est aussi l'expression d'une société où les règles et le patriarcat sont les mêmes qu'ailleurs.

C'est un documentaire où, de loin, on pourrait dire qu'il ne se passe pas grand-chose, parce qu'on ne voit presque que des personnes qui dansent. Mais on a l'impression d'y être, la musique nous emporte et tous ces corps en mouvement, en contact les uns avec les autres font un bien fou. C'est un film qui pose des questions sur notre rapport personnel au corps (le nôtre et celui des autres), notre rapport avec l'humain, le partage des sensations et des émotions. Laetitia Carton a réussi à capter avec sa caméra, une forme de vie à l'état pur, des moments de grâce, qu'elle retransmet avec pudeur et élégance. Elle nous entraîne dans un monde à part, où notre cœur bat sans cesse en rythme avec les pas de ceux qui bougent.

En ces temps pandémiques où nous sommes régulièrement privés de contact physique, j'irai presque jusqu'à dire que Le Grand Bal est un film vital, dont on ressort tout à fait secoué. Rassérénant comme un grand bol d'air, et beau comme une histoire d'amour avec le genre humain.