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Les Promenades d'Erin

Jean Vautrin: Le Cri du peuple (1999)

19 Mars 2021, 08:23am

Publié par Erin

Rue des Carrières, il campe un autre joyeux groupe de combattantes.
Le bonnet phrygien les coiffe. Elles se tiennent un peu en avant de la barricade. L'une d'elles à un enfant sur la hanche. Un fusil sur l'épaule. Une autre est bien gouailleuse avec sa jupe de cantinière, sa vareuse de garde national, son revolver dans la ceinture. (...) Dans leur dos, vingt gardes restés sur la barricade veillent.

Paris, 18 mars 1871. Le gouvernement Français veut désarmer la ville, suite à sa défaite face à la Prusse. La police s'apprête à investir la rue. Mais c'est sans compter sur le peuple parisien prêt à tout pour protéger ses canons, y compris à se battre, transformant cette confrontation en insurrection populaire que l'on appelle aujourd'hui la Commune de Paris. C'est dans ce contexte politique qu'Horace Grondin cherche à venger sa pupille assassinée, que Tarpagnan, policier, passe dans le camp des communards, tombe amoureux de Caf' Conc' et que Mespluchet va enquêter sur le meurtre de "la dessalée du pont de l'Alma"...

Le Cri du peuple donne des visages humains à cette période de notre histoire. Ce qui débute comme un roman policier n'en est pas un. C'est une fresque historique bouillonnante, un feuilleton foisonnant d'actions, d'émotions et de personnages vifs et hauts en couleurs. Ils sont complexes et ne cessent d'évoluer tout au long des six cents pages qui se lisent très vite. Le rythme est bon, le style est ciselé, mêlant argot fleuri et langage châtié. Le Cri du peuple nous donne également l'occasion à l'intérieur de la fiction de croiser des acteurs historiques de cet événement, tels que Louise Michel, Jules Vallès, ou Gustave Courbet. C'est un roman aussi puissant et aussi fulgurant que l'atmosphère historique qu'il décrit. On a l'impression d' y être. On rit, on pleure, ça explose dans tous les sens, on tremble, et pourtant on a envie d' y rester. Parce qu'on a l'impression de s'y sentir vivant. Un peu comme si le grondement des barricades se faisait écho à l'intérieur de nous.

C'est l'anniversaire de la Commune, elle a 150 ans depuis hier. Cette insurrection populaire voulant insuffler en France un vent de liberté pour chaque citoyen s'est tragiquement achevée lors de la "semaine sanglante", du 21 au 28 mai 1871. On s'en souvient rarement, mais ces quelques mois de lutte ont prouvés que le peuple de France (ou du moins une partie) fût un jour capable de se dresser contre les autorités pour défendre une société au programme plus humain et plus égalitaire, en étant même "en avance sur son temps", si tant est que cette expression veuille bien dire quelque chose. (On parlait déjà du droit de vote pour les femmes à cette époque, par exemple. Pour rappel, nous avons finalement obtenu ce droit en 1945.) Quand est-ce qu'on recommence ?

Aux armes ! Citoyens, aux armes !
L'heure de la guerre révolutionnaire a sonné !

"La commune est en lutte" écrit et interprété par Jean-Roger Caussimon

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P
Bien envoyé ! Je n'ai lu que la BD faite par Vautrin et Tardi (4 tomes), formidable aussi ! Vive la commune !
Répondre
E
Tu me prêteras ??