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Les Promenades d'Erin

Les films d'avril

3 Mai 2019, 14:01pm

Publié par Erin

Ma vie avec John F Donovan, de Xavier Dolan

Rupert, 11 ans, entretient une relation épistolaire depuis plusieurs années avec John F. Donovan, comédien d'une série à succès qu'il admire au plus au point. A la mort de ce dernier, il publiera  sa correspondance et racontera son histoire quelque peu extraordinaire.

Ceux qui me connaissent ou qui ont lu mon article du 13 avril dernier (XD ou Les films de Xavier Dolan) savent que j'ai tendance à aimer ce type de cinéma, que j'y trouve toujours quelque-chose de plaisant. Le casting est très bon (entièrement constitué de têtes d'affiche américaines) et des dialogues aux décors en passant par les costumes, tout est bien choisi, bien filmé et pertinent. L'histoire, (inspirée par une lettre que Dolan a écrite à Leonardo DiCaprio lorsqu'il était enfant) est prenante, on ne voit pas passer les deux heures. Cependant, je ne peux m'empêcher de penser qu'il manque un infime quelque-chose. Bien que l'intrigue soit touchante, je n'ai pas retrouvé l'émotion habituelle qui me traverse à chaque visionnage des différents films de Xavier Dolan. J'ai eu le sentiment que certaines scènes auraient pu transmettre ces émotions, mais qu'elles n'allaient pas assez loin pour y arriver. J'ignore à quoi cela est dû, mais sans être déçue, je ne suis pas sortie totalement satisfaite.

Susan Sarandon, dans le rôle de la mère de John F. Donovan

 

Rupert et sa mère

 

Rebelles, d' Allan Mauduit

Sandra, originaire du Nord-Pas-de-Calais, retourne dans sa région pour y être embauchée dans une conserverie de poisson. Elle blesse son contremaître en tentant de repousser ses avances franchement insistantes. Celui-ci meurt accidentellement. Sandra, aidée de ses deux collègues qui ont assisté à la scène, découvre en appelant les secours un sac rempli d'argent liquide. Les trois filles décident alors de se partager le butin...

Âmes sensibles, s'abstenir !! Le sang gicle souvent et certains personnages ont la gâchette facile. Joyeuse comédie à l'humour corrosif portée par trois excellentes actrices (Cécile de France, Yolande Moreau et Audrey Lamy), Rebelles est le puissant portrait de femmes qui malgré les galères de l’existence, n'ont peur de rien et sont prêtes à tout. C'est drôle, léger, osé, bref. Efficace.

De gauche à droite: Yolande Moreau, Audrey Lamy et Cécile de France

 

J'veux du soleil, de François Ruffin et Gilles Perret

Ce documentaire construit comme un road-movie suit les deux réalisateurs sur les route de France en décembre 2018, à la rencontre des gilets jaunes.

Ce film s'inscrit dans la lignée directe du précédent film de François Ruffin, Merci Patron ! sorti en 2016. On assiste à 1h20 de témoignages de gens qui vivent tous les jours dans des situations très précaires ne recevant du gouvernement que du mépris et du désintérêt. (Attention, pour le discours d'Emmanuel Macron sur grand écran, préparez vos sacs à vomi). Qu'on adhère ou non au mouvement des gilets jaunes, je trouve compliqué d'être totalement insensible à la misère du peuple.

Lorsque l'on parle de luttes des classes aujourd'hui, on est souvent taxés de vieux dinosaures marxistes. Mais ce documentaire démontre pourtant que ce clivage entre les riches et les pauvres existe toujours, bien que l'on ne lui donne plus la même appellation. Les conséquences du capitalisme sont dramatiques et il est selon moi très important de voir des gens créer des espaces de discussions, échanger des opinions (qu'ils ont parfois divergentes) et se battre pour une même cause: celle d'être reconnu en temps qu'être humain dans une société qui a oublié ce que cela voulait dire, et de prétendre à rester digne, même avec peu de moyens. Témoignage important de notre époque, ce film mérite d'être vu.

François Ruffin (à droite)

 

M, de Yolande Zauberman

Menahem, chanteur et comédien, a été violé a plusieurs reprises par des membres de sa communauté. Rejeté par sa famille, il revient quinze ans après sur les lieux des crimes, à Bnei Brak, capitale mondiale des Juifs ultra-orthodoxes, où il a grandit. Pour évoquer sa souffrance, tenter de se réconcilier avec les siens, et enfin aller de l'avant.

Et voilà un documentaire qui vous catapulte dans une autre dimension. Celle où la religion régente les pensées et les moindres faits et gestes de ses disciples. Où la frustration sexuelle est si forte que le viol en est une conséquence logique et donc banale, dont on se plaint à peine. (Seulement passible de 6 ans de prison, lorsqu'il est dénoncé). Menahem fait partie de ceux qui ne réussissent pas à oublier et qui ont besoin de se confronter à leurs bourreaux pour tourner la page.

Avec l'aide de Yolande Zauberman et de sa caméra discrète, d'autres vont s'approcher, témoigner anonymement ou à visage découvert. Et c'est l'horreur. On découvre vite que tous les petits garçons de cette communauté sont des victimes potentielles, qui plus tard seront potentiellement des bourreaux. Menahem parle pour briser ce cercle vicieux, et on ne peut que saluer son courage. Attention toutefois: au contraire de Rebelles, la violence ici n'a rien de graphique, elle n'est même pas suggérée. Juste hyper présente dans les propos avancés. Ajoutons à cela un conservatisme et un extrémisme religieux exacerbé, de quoi assurer un cocktail explosif de bêtise et d'ignorance. Âmes sensibles, fuyez. Pour les autres, je suggère des exercices de respiration, afin de rester zen durant la séance.

Menahem Lang (à gauche)

 

 

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