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Les Promenades d'Erin

Ciné-maison: Les films de Mars

9 Avril 2021, 07:56am

Publié par Erin

Les fantômes du chapelier, de Claude Chabrol (1982)

A Concarneau, en Bretagne, la population est secouée par des crimes perpétrés sur des femmes, par un mystérieux étrangleur. Kachoudas, tailleur d'origine Arménienne qui tient sa boutique en face de celle du chapelier Léon Labbé, finit par découvrir le coupable, mais tombe brutalement malade...

Adapté du roman de Georges Simenon, Les fantômes du chapelier par Claude Chabrol est une réécriture de Psychose d'Alfred Hitchcock. Michel Serrault, qui tient le rôle principal, y est formidable de méchanceté gratuite de froideur qui participent à cette sensation désagréable qui dure tout le long du film, mais qui nous tient en haleine jusqu'à la fin. Monique Chaumette est effrayante, c'est du pur Chabrol, plein de tension, de pluie, de froid et de mannequins en plastique terrifiants... On croise également Charles Aznavour et François Cluzet. Le casting est bon et la résolution de tout ce bazar interroge... Un des plus marquants que j'ai vu.

Le boucher, de Claude Chabrol (1970)

Dans un village du Périgord, on célèbre le mariage de l'instituteur. Y sont invités entre autres, Hélène Daville, collègue du marié et Paul Thomas, boucher de son état. Les deux personnages font connaissance lors du banquet et se lient d'amitié. Lors d'une sortie avec ses élèves, Hélène découvre la jeune épouse de son collègue assassinée et se retrouve très vite à soupçonner son ami le boucher...

Le boucher est un film dont on parle peu quand on évoque la filmographie de Claude Chabrol. Et c'est bien dommage. Le plus important ne réside pas dans l'intrigue du film, mais comme d'habitude dans la psychologie des personnages et le climat qui se fait de plus en plus tendu. C'est décidément ce en quoi Chabrol était très doué, la tension. Mais ce qui fonctionne surtout très bien ici, et qui  rend le film vraiment très beau, c'est le tandem formé par Stéphane Audran et Jean Yanne. Elle est solaire, fragilisée par la douleur d'une ancienne relation, il est timide, traumatisé par ses années de guerre en Indochine et en Algérie. Il dit qu'il souffre, autour personne ne veut l'entendre... Elle est surprise par sa brutalité à lui, qui peut se faire parfois si tendre pourtant, et pour qui le spectateur n'a pas d'autre choix que d'être empathique, malgré la réalité des faits. Ils sont beaux, ils sont puissants. Le boucher est un grand petit film.

Vincent, François, Paul et les autres, de Claude Sautet (1974)

C'est l'histoire de Vincent, François, Paul et les autres. Fin. Non, je plaisante... Mais pas complètement. Il s'agit ici effectivement de suivre l'existence de quelques hommes cinquantenaires liés par une longue amitié. Qui galère dans son travail, qui s'embourgeoise, qui se sépare de sa compagne, qui tombe malade ... C'est la vie qui passe.

Je l'ai sans doute déjà dit, mais je recommence, j'aime beaucoup le cinéma de Claude Sautet. Vincent, François, Paul et les autres ne présente pas une intrigue forte, mais est très significatif du cinéma de ce réalisateur, où il s'agit juste d'être témoin du temps et de la vie qui passe. Et si cela fonctionne aussi bien c'est probablement parce que nous y sommes tous confrontés, Même si bien entendu, nous ne sommes pas tous des spectateurs masculins de cinquante ans. Par ailleurs, le casting est assez réussi, on y voit le regretté Michel Piccoli, mais aussi, Serge Reggiani et Yves Montand, ainsi que Stéphane Audran ou encore Marie Dubois. C'est un film confortable dans lequel on est heureux d'être. On mange, on boit, on rit, on s'engueule, on pleure... Comme avec des copains, en somme. Ce n'est pour moi pas le meilleur des films de Claude Sautet, mais il est sans prétention, et efficace.

Raining Stones, de Ken Loach (1993)

Bob vit avec sa famille dans la banlieue pauvre de Manchester. En cette grande période d'austérité économique menée par Margareth Thatcher, il peine à trouver du travail et galère d'emplois précaires en emplois précaires. Mais la première communion de sa fille Colleen approche, et il tient absolument à ce que la fillette porte une robe neuve pour l'occasion. Au point de s'endetter drastiquement.

C'est du très beau Ken Loach qui comme d'habitude, appuie là où ça fait mal, pour décortiquer avec finesse le système économique capitaliste, et ses dramatiques conséquences sur les gens qui en font les frais. C'est puissant, parfois violent, mais aussi très drôle. Parce qu'il faut pouvoir rire de la misère quand on la vit, sinon on a plus qu'à se suicider. Bob, ses amis et sa famille se retrouvent parfois dans des situations rocambolesques, mais c'est pour mieux replonger. Raining Stones est une montagne russe où l'on passe du rire aux larmes sans ménagement, où la bonne parole est donnée par un curé (c'est pas une blague) et où la fierté mal placée est une véritable douleur.

Secrets et mensonges, de Mike Leigh (1996)

Hortense vient de perdre sa mère adoptive. Ce tragique événement va la pousser à essayer de retrouver sa mère biologique. Ses recherches vont la mener jusqu'à Cynthia, mère célibataire de Roxanne, 21 ans et sœur de Maurice, photographe, avec qui les relations ne sont pas évidentes. Cynthia a caché cette grossesse de jeunesse à sa seconde fille et n'avait en aucun cas prévu de retrouver la première. Mais lorsque Hortense l'appelle, elle accepte de la rencontrer...

C'est beau comme du Ken Loach avec lequel on pourrait établir certaines ressemblances, notamment dans l'affection qu'il porte et la description qu'il fait de la classe populaire britannique. L'objectif est peut-être moins militant, l'important ici étant les différentes interactions entre les personnages. Malgré ses réactions émotionnelles assez extrêmes, (qui sont compréhensibles bien que surprenantes) Mike Leigh nous transmet une belle empathie pour Cynthia et une certaine envie de soutenir Hortense dans ses démarches pour retrouver sa mère. Par ailleurs les personnages de Maurice et de sa femme Monica sont aussi intéressants, chacun avec leurs problématiques respectives. Secrets et mensonges est un film sur la famille, sur la place qu'on lui accorde et la place que l'on se donne. Les deux actrices principales sont très belles, pas d'ennui malgré les deux heures de film, mais une belle secousse d'émotions.

Commenter cet article
P
Mike, Ken, Claude (et les autres ?) : beaucoup d'empathie en commun pour les humains. De très bons films.
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E
Merci de le souligner. Je viens de réaliser ce point commun.... Ça doit vouloir dire quelque chose de moi... :-p
I
Bien les fiches sur les films !
Répondre
E
Merci beaucoup ! :-)