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Les Promenades d'Erin

Pensées par (temps de) quarantaine(s)

27 Mars 2020, 08:40am

Publié par Erin

Monsieur le Président,


Je vous fais une lettre, que vous ne lirez sans doute pas, car vous ne prendrez pas le temps. J’aibien écouté votre discours du 16 mars dernier qui nous poussait à partir « en guerre » contre le Covid-19. Monsieur le Président, je ne veux pas la faire, votre guerre. D’ailleurs, je pense qu’il faudrait voir à se calmer et à faire attention aux termes que l’on emploie. "C'est parce qu'il ne l'a jamais vécu, la guerre, qu'il peut se permettre de dire une telle connerie", a dit en substance ma grand-mère. Quand des bombes détruiront nos habitations et que des hommes-torches tomberont du ciel on pourra parler de guerre.


Ce qui nous préoccupe, c'est un virus sévère, bien plus costaud qu'un être humain, qui pousse ce dernier avec un petit peu d'humilité à se retirer dans ses pénates. Oui, le confinement est pénible, d'autant plus qu'on ne sait toujours pas vraiment combien de temps il va durer. Mais c’est pas la fin du monde, si ? En fait, ça dépend pour qui, et si on a de l’argent ou pas. (Je développe plus bas, patience…)

Pour ma part, je m’occupe comme je peux. Je travaille ma musique, en faisant de petites pauses occupées par de la lecture, de l'écriture (pour ce blog entre autres), et de l'écoute de feuilletons ou d'émissions radiophoniques. J’ai de la chance, j’ai un chez moi pour rester confinée, je sais faire un peu de musique et j’ai assez d’instruction pour lire et écrire sans effort. J’ai également la fortune d’avoir été entourée de gens qui m’ont toujours encouragé à me cultiver, ce qui me permet aujourd’hui de me distraire en regardant un bon film ou en lisant un bon bouquin. Pourriez-vous me rappeler ce que vous prévoyez pour la protection des sans-abris et des migrants (qui n’ont ni toit, ni moyens de se distraire, ni possibilité de respecter les « gestes barrière ») pendant cette crise sanitaire ?


Quant aux soignants que j’applaudis chaque soir à ma fenêtre parce qu’en ces temps difficiles ils ont besoin de soutien, que va-t-il se passer pour eux ? Allez vous les laisser dans la souffrance, eux qui souvenez-vous, défilaient dans la rue il n’y a pas si longtemps, pour réclamer de meilleures conditions de travail au sein de l’hôpital public dont vous avez programmé la destruction ? Aujourd’hui, il n’y a pas assez de matériel ni de personnel pour accueillir tous les malades dans de bonnes conditions et vous le savez parfaitement. Cette crise, c’est la preuve que le modèle de société que vous défendez ne convient qu’à une certaine classe sociale, celle des résidences secondaires avec piscines et jardins, qui souffre de ne pas pouvoir sortir de chez elle en cette période printanière, mais qui aura les moyens de payer ses soins si elle est touchée par le virus.


Pour protéger les plus fragiles que le Covid-19 tue sans vergogne, je suis prête à supporter le confinement à durée indéterminée, du haut de ma tour HLM, si c’est ce qu’il faut faire. Simplement, je suis un peu fatiguée de vous entendre causer dans le poste en nous faisant flipper à coups de mots utilisés à mauvais escient. Quand je sors dans la rue pour faire une course munie de mon attestation, les gens que je connais n’osent plus me saluer, même à distance… parce que vous leur avez fait peur.


D’avance pardon, il se peut que ce confinement forcé me monte à la tête, mais il faut bien que le corps exulte… Et oui, c’est qu’à rester enfermé chez soi, on a le temps de réfléchir… Et quand l’oppression se fait un peu trop présente, il faut exprimer son désarroi; le garder à l’intérieur ne ferait qu’empirer les choses. Maintenant que c’est fait, je vais reprendre mes activités. La semaine prochaine et celles qui viendront, mes lecteurs pourront reprendre leur lecture habituelle de ce blog (j’en profite au passage pour remercier les équipes de la plateforme Overblog, en télétravail, qui me permettent de maintenir mon activité) et j’espère qu’ils excuseront ce petit a parte dans mes chroniques culturelles hebdomadaires.

Du fond de mon confinement, Monsieur le Président, soyez assuré que je vais garder ma télévision éteinte. (Je l’allumais déjà peu en temps normal, mais il est certain que je ne ferai plus d’exception) Il en sera autrement quand vous aurez prévu une société plus égalitaire.

Pour la formule de politesse, vous repasserez.


Erin.

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